l’île d’Elbe

À bien y réfléchir,
une île,
entre les côtes et la terre qu’est ce qui change. Un sillon d’eau peut être.

Entre temps,

l’embrasure de la porte fixe le soleil. Autant dire que ça y est. Ça y est.
Oui, les autres sont arrivés, nous ne sommes plus seuls.
Alors commençons.

C’est une île, il y a la maison, des fenêtres, la mer. La mer est très proche de nous.

Elle s’enfuit si on ne la regarde pas?

Comment faire.
De toute manière nous sommes déjà dans l’eau. Nous avons faim.

Nager très loin. S’extraire des côtes. Parfois se retourner. Non, on est encore trop proche.
Aller encore plus loin pour ne plus revenir.

Allons.

Dans la nuit, ils sont revenus à la maison.
Ils étaient trempés.
Je n’ai pas réussi à tous les sécher.
Il aurait fallu attendre quelques jours pour que ce soit bien fait. On n’avait pas le temps.

Je les ai frottés à tour de rôle.
A l’aube ils étaient encore humides.
Ils sont repartis à la nage et ne reviendront jamais.

Un peu plus tard dans le jour un bateau est arrivé. Je n’avais pas la moindre idée de qui était à bord.

Seule.

Je me suis cachée derrière la maison. J’observe comme je peux. Bougeant à peine, ne mangeant pas. Électrisée de curiosité.

Pas un homme n’est sorti. Rien.
La nuit j’ai décidé de descendre voir.

Un petit bateau en bois.
Personne à bord. Nuit noire.
Ils sont peut-être allés dans la montagne.

Le sommeil me prend, je sombre en plein vent, recroquevillée. Le bateau va

Au réveil, le bois du pont brûle sous le ventre. Autour de moi, la mer défile. Ca tangue.
Le soleil est impressionnant. Il me conjure de sauter.
Sauter.

Le corps est balloté entre les vagues.
Le bateau s’éloigne rapidement.
Enfin, une silhouette a fait surface avant de disparaître.

Seule.

Je vais me laisser porter on verra bien.
Survoler l’eau, caresser l’abysse avant le devenir profond.

Anonymement vôtre,
(Je n’ai pas le permis, mais je sais conduire).